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11 mars 2016

[critique] (9.5/10) NI LE CIEL NI LA TERRE par Laetitia G.

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Synopsis:Afghanistan 2014.A l’approche du retrait des troupes, le capitaine Antarès Bonassieu et sa section sont affectés à une mission de contrôle et de surveillance dans une vallée reculée du Wakhan, frontalière du Pakistan.Malgré la détermination d’Antarès et de ses hommes, le contrôle de ce secteur supposé calme va progressivement leur échapper.Une nuit, des soldats se mettent à disparaître mystérieusement dans la vallée.

Le film de Clément Cogitore (La Sapienza) prend ses racines dans le concret du sol et de la beauté austère des montagnes Afghanes qui encerclent les personnages. Comme dans un film de guerre, réaliste et pragmatique – quasi-documentaire - on suit Antarès (Jérémie Renier,Eternité,Saint Laurent) aux commandes d'une mission aux définitions incertaines et dans ses relations fragiles avec les villageois de la région. Lorsque des soldats commencent à disparaître, puis des talibans, c'est le monde rationnel qui file petit à petit entre les doigts d'Antarès. La barrière immuable que semblait former la terre s'émiette pour laisser apparaître un espace sans fond dans lequel les corps s'engouffrent. Un enfant évoque une croyance mystique sur la terre d'Allah et c'est le ciel qui tout à coup s'ouvre vers un au-delà infini. Ni le ciel, ni la terre ; aucune de ses limites visuelles n'est assez vaste pour contenir ce qui nous échappe. Elles ne seraient finalement pas moins absurdes que les frontières dressées par les hommes pour séparer deux peuples. On part de la terre, de la chair et des armes pour s'enfoncer et se perdre dans l'absence, l'inconnu et la peur.

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Ni le ciel ni la terre est mu par l'audace rare du mélange des genres dans un parfait équilibre. Clément Cogitore tisse avec une grande finesse les liens entre le rationalisme militaire et le mysticisme religieux. Trouver une résolution à ces étranges disparitions était un défi élevé ; celle proposée par le jeune réalisateur est magistrale. Ce n'est ni complètement un film de guerre, ni complètement un film fantastique et encore moins un film entre les deux. C'est une œuvre entière et unique qui ne répond qu'à ses codes propres. Le jeu entre le concret et le spirituel prend forme dans la question du visible et du non visible. Jusqu'où peut-on dire que ce que l'on voit est vrai ? À l'image, Ni le ciel ni la terre, nous présente des caméras thermiques, outil militaire ancré dans la réalité des corps qui nous offre paradoxalement de beaux moments de poésie. Ces instants de déréalisation du réel sont similaires au travail du photographe Richard Mosse qui, utilisant une pellicule infrarouge développée par l'armée pour démasquer les camouflages, dépeignait la guerre du Congo dans une végétation fuchsia.

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Alors détachés de leur toile de fond, les corps ressortaient plus terribles encore, destructeurs d'une nature aussi belle qu'indifférente à leur sort. Ni le ciel, ni la terre, par une approche similaire, nous pousse tout autant à questionner les limites de notre perception.Clément Cogitore, comme il l'explique lui-même, refuse de creuser la psychologie et le passif des personnages. Pour lui, ils sont avant tout des corps qui interagissent avec le monde et qui se définissent par leurs réactions à lui. Par ce choix, ils deviennent des figures universelles et atemporelles. Nous sommes dans les conflits mondiaux d'aujourd'hui mais nous sommes aussi bien au-delà, là où le temps et l'espace ne sont plus des frontières valables. La bande originale, aussi audacieuse que le scénario, est là pour nous le rappeler ; les envolées spirituelles de la viole de gambe viennent se mêler à la transe frénétique de la musique électronique.

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Il y a quelque chose du Rivage des Syrtes, roman de Julien Gracq, dans le film de Clément Cogitore : un état de guerre assoupi dans un lieu entre-deux – la frontière – et la recherche d'une confrontation à l'autre, à l'inconnu, traditionnellement représenté par l'Orient. Comme l’œuvre de Julien Gracq le film offre une montée en puissance à couper le souffle.Ni le ciel ni la terre est une fable humaine, récit d'un non-lieu où les hommes se retrouvent et se regardent dans les yeux pour essayer de comprendre ce qui les dépassent. Pour essayer de trouver l'introuvable, de voir l'invisible et tenter d'empêcher l’inéluctable.

 

LAETITIA G.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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