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10 novembre 2015

[ critique ] YOUTH ( 9 / 10 ) Par Laetitia G.

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Synopsis: Fred et Mick, deux vieux amis approchant les quatre-vingts ans, profitent de leurs vacances dans un bel hôtel au pied des Alpes. Fred, compositeur et chef d’orchestre désormais à la retraite, n’a aucune intention de revenir à la carrière musicale qu’il a abandonnée depuis longtemps, tandis que Mick, réalisateur, travaille toujours, s’empressant de terminer le scénario de son dernier film. Les deux amis savent que le temps leur est compté et décident de faire face à leur avenir ensemble.Mais contrairement à eux, personne ne semble se soucier du temps qui passe…

Le tout dernier film de Paolo Sorrentino (Il Divo, La Grande Bellezza) qui s'intéresse – contrairement à ce que laisse paraître le titre « Youth » - à la vieillesse, est l’œuvre qui a probablement le plus divisé la critique à Cannes cette année. Le film a été tour à tour qualifié de merveilleux, pressenti pour la Palme d'or mais aussi vu comme« laid » ou encore gérontophobe. Pourtant, ce n'est pas sa répugnance de l'âge que Sorrentino nous montre dans ce film mais la simple peur de vieillir, de voir notre fin si proche. Mick, interprété par un Harvey Keitel juste et mis à nu, voit le futur de très près dans la longue vue télescopique de l'hôtel helvétique. Plus encore, le film exprime la peur de ne pas avoir le temps de donner un sens à nos actes passés. Car c'est bien de cela dont parle Youth : la quête du sens de notre passage sur terre et la recherche, peut-être, d'un dernier geste à accomplir.

 

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Que faire lorsque sa carrière de chef d'orchestre, de cinéaste, d'acteur ou encore de footballeur (curieuse apparition d'un Maradona obèse) est derrière soi ? Quelle voie choisir lorsque l'on a déjà été élue Miss Univers ? Harvey Keitel (Mick) s'est entouré d'une équipe de jeunes scénaristes talentueux pour écrire le film qu'il veut signer comme son testament. Mick a tout en tête : le titre, l'histoire, l'actrice star mais ce qui lui échappe encore et encore ce sont les derniers mots prononcés par son protagoniste avant de mourir. Michael Caine (Fred), chef d'orchestre éminent, fuit au contraire l'idée d'une dernière grande œuvre. L'envoyé de la reine d'Angleterre a beau insister, Fred s'obstine à refuser de diriger le concert organisé en l'honneur de cette dernière.  Paul Dano, s'il n'est pas octogénaire, a lui aussi envie de donner un nouveau souffle à sa vie d'acteur, lassé de n'être reconnu que pour son rôle de robot dans un blockbuster.Le film de Sorrentino a souvent été accusé de pessimisme et de cynisme. Mais si Youth n'hésite pas à montrer un Michael Caine qui ne parvient à uriner que quelques malheureuses gouttes par jour et une Jane Fonda au visage rongé par le temps, c'est pour mieux en tirer l'espoir du renouveau.

"Regard vers le futur ,condition pour rester jeune "

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Le film ne s'appelle pas « jeunesse » par erreur : les personnages tournés vers leur avenir, sont bel et bien en quête d'une nouvelle jeunesse. L'hôtel luxueux, niché au cœur des montagnes suisses offre alors aux personnages une possibilité d'ellipse, la chance d'une suspension du temps pour glisser, tel Harvey Keitel, son œil dans un télescope et regarder tour à tour son passé et son avenir. Pour Paolo Sorrentino, ce regard vers le futur est « la condition pour rester jeune ». L'avenir nous donne de la liberté et la liberté nous donne un sentiment de jeunesse. »La liberté d'un temps suspendu est au cœur de la mise en scène de Sorrentino. Le film s'accorde le luxe de se poser, de donner à chaque réplique le temps nécessaire. L'image gracieuse de Luca Bigazzi suit le lent déroulé de l'histoire pour donner place à des moments de purs plaisirs visuels. Youth est aussi une quête de beauté, thème privilégié du réalisateur de La Grande Bellezza. Pas seulement une beauté des plans non, mais aussi la recherche d'une beauté qui fait sens. Miss Univers est-elle aussi intelligente que belle ? La beauté d'un morceau de musique peut-elle se trouver dans une suite de notes très simples ? Sorrentino parvient à nous livrer une beauté libre et éphémère, résidant dans une suite de vérités aussi fragiles que fugaces. Les personnages tâtonnent, hésitent et se trompent souvent, corrigeant eux-mêmes les « révélations » qu'ils pensaient avoir eues plus tôt. Là se trouve tout le respect que nous pouvons attribuer à Youth.

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Peu importe notre âge, nous sommes toujours en quête des réponses. « Who are you ? » demande la fille de Michael Caine à son père. Sorrentino le dit lui-même : « pour moi la beauté tient dans l'erreur et j'essaye de mettre en scène des erreurs. » Ces failles sont aussi portées par un humour décalé, plein d'autodérision, sans pour autant tomber dans un cynisme condescendant. Le jeu élégant, parfois pudique, de Michael Caine et Harvey Keitel donne une grandeur certaine à cet humour.Youth est le genre de film qui nous fait sortir de la salle de cinéma un peu sonné, les pieds légèrement détachés du sol, avec cette impression délicieuse d'avoir vécu un moment d'art privilégié.

Youth - Bande-annonce Officielle HD

LAETITIA G.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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